Si ce n’est pas du golf, ce n’est pas du golf.

Que serait le golf sans ses règles ?

Je viens de lire cette histoire qui m’a été envoyée par Brad Davis.

Il était une fois un groupe d’amis qui se rendaient régulièrement au golf communal de Springfield.  En y arrivant, ils prenaient leurs clubs, changeaient de chaussures et se dirigeaient vers le practice. Après avoir frappé quelques balles, les voici au premier tee pour commencer leur parcours hebdomadaire.

Dès le départ, les attitudes inadaptées s’accumulèrent. Un des compagnons driva sa balle sur le practice annexe et la joua de là, après l’avoir tiée une nouvelle fois. Un autre envoya la sienne au-delà des piquets du hors limites et après l’avoir renvoyée sur le parcours d’un coup de pied décidé, il continua à jouer le trou. Le troisième envoya sa balle sur le fairway mais le dernier du groupe droppa tout simplement la sienne à la marque jaune des 150 m et commença à jouer de là.

Attirés par le spectacle incongru qui s’offrait à eux, des spectateurs se rassemblèrent  pour regarder et suivre le jeu de ce foursome unique. Pendant les quatre heures qui suivirent, ils furent les témoins d’un golf étrange, jamais rencontré auparavant.

Les balles étaient surélevées dans les roughs avec des tees extra longs. Un des copains, essayant d’imiter un lob à la Mickelson, avait  tout simplement lancé sa balle à la main hors du bunker, suffisamment haut pour la faire atterrir en douceur sur le green et s’immobiliser à 20 cm du trou. Dès que le lieu où elles se trouvaient rendait le jeu inconfortable et la réussite du coup précaire, les balles étaient déplacées d’un coup de pied ou repoussées avec un club vers des zones de jeu plus propices. Les clubs passaient de l’un à l’autre sans se soucier du sac d’où ils sortaient, les branches mortes et les cailloux étaient systématiquement enlevés des obstacles et à un moment, l’un des quatre individus, trouvant une balle dans un endroit plus favorable, la joua sans scrupules, abandonnant la sienne sans aucun regret.

Enfin le tour s’acheva et les quatre hommes s’en allèrent au club house pour savourer bières et sandwiches. Il firent le total de leurs scores - 65, 67, 68 et 72 -, signèrent leurs cartes et les retournèrent au secrétariat. D’excellents scores pour des amateurs !

La remise des cartes effectuée, le pro du club s’approcha du groupe et demanda ce que diable ils faisaient sur le terrain (Il avait vu le lob à la main style Mickelson). Les quatre hommes se regardèrent avec étonnement et dirent simplement :
 -  Pourquoi,  nous jouions au golf bien entendu, ça avait l’air d’autre chose? 
A quoi le pro du club répondit :
-  D’accord, vous aviez des clubs de golf, vous avez utilisé des balles de golf, vous aviez des chaussures de golf et vous tiriez des charrettes de golf. Mais je suis là pour vous dire que vous n’étiez pas en train de jouer au golf. Vous étiez certainement occupés à faire quelque chose, mais quoi que ce fut, n’appelez pas ça du golf ! 

Exagéré ?
Oui, c’est une fable, mais que dire de ce qui est réellement arrivé il y a quelques semaines, lors d’une grande compétition ?
Le départ d’une équipe était prévu à 8.30h. Le troisième joueur, Monsieur Tintin, arriva au tee n°1 avec dix minutes de retard. En application de la règle n° 6-3,  la FRBG prévoit qu’au-delà de cinq minutes de retard, le joueur doit être disqualifié. Ses partenaires, sous l’œil complaisant du starter, décidèrent d’un commun accord de ne pas « être méchants » et de permettre au retardataire de jouer son parcours. A la fin, tous rentrèrent leurs cartes sans signaler l’incident. Les trois joueurs devaient être disqualifiés. Quant au starter…

Maintenant, une simple hypothèse.
Plongeons dans la fiction et supposons un instant qu’il s’agissait de la finale de cette magnifique compétition dotée en premier prix d’un séjour d’une semaine de golf en Indonésie. Notre retardataire retourne le meilleur score de la journée avec une carte de 45 points stableford. Le malheureux deuxième est  Monsieur Dupont, avec « seulement » 44 points. Il a eu le malheur de jouer avec St Andrews, un « méchant » écossais féru de règles. Livre à la main et sourire aux lèvres, notre Saint n’a pas hésité un seul instant à lui infliger une pénalité de deux points pour avoir enlevé une feuille morte dans un bunker.
Impossible? Certainement pas. Fiction et réalité sont parfois si proches…

Le pro du club est là pour dire :
« Au départ vous aviez tous des clubs, des balles, des chaussures, des chariots de golf, une carte de score et de l’espoir. Certains d’entre vous pensent avoir joué au golf, mais ils ne l’ont pas fait. Ils ont faussé la donne. Le golf est un jeu qu’ils ne comprennent pas ».
Quant au starter, c’est un homme bien sympathique. Heureusement toutefois qu’il n’est pas chef de gare !

Giulio Tadiotto.