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L'esprit du jeu, au service de la liberté du geste. Le champ lexical du golfeur a la particularité de rétrécir considérablement en arrivant sur le parcours. Mot moderne dont l’étymologie reste incertaine, il est souvent utilisé pour qualifier l’efficacité d’un swing. Mais qu’est-ce un swing à cinq lettres ? Pourtant, j’ai vu ce joueur perdre une finale de Championnat International de Belgique contre un jeune adolescent anglais. Le public qui suivait la partie murmurait que celui-ci avait « un swing réellement intéressant ! » formule pour dire, nous étions au Zoute, que « son swing puait ». Ce geste à l’odeur douteuse a pourtant permis à son auteur de remporter haut la main le match et le championnat. C’est le même geste incriminé qui a permis à son propriétaire de monter sur le Tour quelques années plus tard. Nous savons que le cauchemar des grands coaches américains serait de recevoir un appel de Jim Furyk pour un cours de golf, mais qui se souvient qu’avant lui, le souffre douleurs des swings était Eamon Darcy ? Les critiques de l’époque ne sont pas parvenues à le convaincre de changer de swing. Persévérant avec son « coude flottant » et ses « sauts de carpe », il a fini par occuper une place si convoitée dans l’équipe de la Ryder Cup 1987 (2). Puis, la voie du succès. Et un palmarès, le combien sans le comment, qui parle pour lui et met fin à toute discussion critique devenue obsolète. L’action du coude à la montée, préconisée par Jim Hardy dans ses livres, rappelle les coudes flottants tellement décriés à une certaine époque. Par ailleurs, Jim Flick (3), le coach de Jack Nicklaus et Tom Lehman, confie dans la dernière édition du Golf Digest qu’en 1970, Sam Snead lui demandait d‘apprendre pour ses coups de pitch à plier son coude droit (le laisser flotter) à la montée et ensuite stabiliser son club à l’impact avec les avant-bras au lieu de flipper (4) ses poignets. Dans son édition du mois de juin 2007, le même magazine annonce en couverture que pas moins d’une vingtaine de pros du tour américain ont adopté un nouveau swing, « radicalement différent » de tout ce qui a constitué les fondements de l’enseignement traditionnel. L’expression « agression totale » face aux normes en la matière est même utilisée, ce qui en dit long sur le gouffre qui sépare ces différentes approches de l’apprentissage. Méconnus il y a seulement un an, Andy Plummer et Mike Bennett sont devenus les nouveaux gourous du Tour Américain. Leur secret est un modèle de swing basé sur la géométrie et qui contredit presque tout ce qui s’enseigne aujourd’hui dans le golf. Des lecteurs ont essayé la nouvelle technique avec des résultats spectaculaires et Golf Digest, à la demande générale, s’est vu contraint de publier un complément d’informations sur la méthode. L’action du tronc (6) à l’impact, préconisée par la « nouvelle » méthode « Stack & Tilt » ressemble étonnamment à l’illustre saut de carpe d’Eamon Darcy, breveté il y a trente ans ! Objets de moqueries et virulentes critiques à l’époque, coudes flottants et sauts en hauteur se voient aujourd’hui réhabilités, au point de représenter les fondements de nouvelles méthodes d’enseignement… Ces revirements devraient rendre le public et les enseignants prudents dans leurs jugements, et les inciter à fixer leur attention sur le combien au lieu du comment. Un coach Fédéral de renom - il a joué plusieurs Ryder Cup - m’a un jour confié que pour évaluer le niveau d’un joueur, il suffit de lui poser à la fin du parcours la question : « comment as-tu joué ? ». Le joueur qui mérite attention annonce son score, celui qui doute de son swing raconte tous ses coups. Selon lui, le problème du golf belge est avant tout un problème de culture, illustré par le culte du comment qui permet à chacun, expert ou non, de devenir critique et décider de ce qui est bon ou mauvais dans une technique. L’approche objective des performances fera disparaitre bon nombre de préjugés et permettra aux joueurs de comprendre le vrai challenge du golf. Pour découvrir ensuite que pour relever ce défi, ils ne pourront compter que sur eux-mêmes et la confiance qu’ils placeront en eux, soutenus en cette démarche essentielle par l’enseignant qui les accompagne. Giulio Tadiotto
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