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J’ai menti, j’ai vécu dans le mensonge Phrase si lourde, issue de la grande tradition américaine de mise à plat publique de faits privés. Aveu indécent pour certains, tentative de manipulation ou de récupération pour d’autres, confession justifiée ou non-événement pour d’autres encore… Nous, Européens, ne pouvons réellement imaginer ce qu’il en a coûté à l’auteur de cette phrase pour venir, comme un enfant honteux, déposer sur la place publique une charogne dont les médias sont si friands, partout dans le monde. Là bas, j’ai eu l’occasion de rencontrer des anthropologues américains en mission au Congo. Ils m’ont raconté la richesse culturelle qu’ils ont trouvée parmi les différentes tribus qui composent ce pays. La sagesse africaine n’est pas une légende. Il faut simplement descendre d’une marche pour la rencontrer. Et nos fiertés occidentales ne nous aident pas à aller dans ce sens. Dans ces contrées, j’ai appris à respecter ces hommes capables de travailler avec leurs possibilités, sans relâche, de 10 à 12 heures par jour pour une croûte de pain. Nourrir leur famille est leur quête quotidienne et essentielle. J’ai lu dans leurs yeux « punis moi, mais ne me fais pas avouer »… Ses yeux affolés que j’associais à la peur de la punition ne m’ont jamais quitté. J’étais dans l’erreur. Ce qui le terrifiait, c’était la honte que sa révélation publique lui promettait. Je l’ai définitivement compris un lundi de ce mois de mars en revoyant à la télévision l’apparition de Tiger Woods, venu annoncer son retour à la compétition mais aussi avouer au monde entier qu’il avait vécu dans le mensonge. J’ai vu dans ses yeux la même peur, liée à la même honte. L’opprobre quasi généralisée qui s’est abattu sur le coupable appelle un constat pour le moins interpellant. Au fond, nous les hommes, ne sommes-nous pas restés païens ? Nous continuons à créer des Dieux en statuettes pour pouvoir les briser à la moindre déception. Et le fait que celle-ci trouve sa source dans la vie privée d’un individu, pour des faits qui ne nous concernent pas, ne semble pas avoir suffi pour calmer les foules déchaînées dans le pays de l’oncle Sam. C’est vrai, les dommages collatéraux de son comportement révélé sont importants. Il a manqué à sa famille. Suprême honte, il a embarrassé sa mère, dépouillé son œuvre caritative la « Tiger Woods Learning Center » des montants incalculables des donations. Il a sans doute aussi porté préjudice à la PGA la privant d’un important levier pour ses négociations avec le monde des affaires et par extension privé ses confrères des retombées financières. Un colosse aux pieds d’argile… la mythologie n’a pas attendu les frasques du meilleur joueur de golf de la planète pour tenter de nous rappeler qu’aucune position, aucune force, aucun statut ne sont censés être définitivement acquis ou figés. J’ai dit païen, mais de quelle religion parle-t-on ? Avec son consentement, l’article peut être lu en suivant le lien… Le jeu du golf est le jeu de l’honnêteté, de l’éthique, du respect. C’est le jeu de l’habileté mais aussi de la conscience individuelle. Nous pouvons donc comprendre ce qu’il en a coûté à Tiger Woods d’aller devant les caméras du monde et avouer : « J’ai menti ! ». Toutefois, et je m’étonne que ceci n’ait pas été souligné plus souvent, surtout en Europe, que nous a-t-il fallu du temps pour reparler, enfin, de sport ! En 1948, Ben Hogan est entré dans la légende du golf pour un coup de fer 2 qui lui a permis de gagner l’US Open. Pour le bien du golf, espérons que Tiger Woods n’en soit pas sorti pour un mauvais coup de fer 9, rapporté par les médias du monde entier. |
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